Les charges décaissables et non décaissables : définition, distinction et utilité

Publié le 4 min
Ecrit par Thibaut Clermont

En comptabilité, la plupart des charges qui figurent dans un compte de résultat donnent lieu à une sortie de trésorerie. Mais ce n’est pas toujours le cas. En effet, certaines charges, appelées des charges calculées, ne sont pas décaissables et n’occasionneront donc aucun transfert de fonds. Compta-Facile vous les présentent ici en donnant une définition de chaque typologie de charges et en indiquant pourquoi il est important de savoir les distinguer.

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Charges décaissables vs charges non décaissables : comment les distinguer ?

Qu’est-ce qu’une charge décaissable ?

Par définition, une charge décaissable est une charge du compte de résultat (plus particulièrement un compte de la classe 6 « Charges » du compte de résultat) qui occasionne une sortie d’argent. Le flux de trésorerie qu’elle génère vient ainsi diminuer la trésorerie de l’entreprise. Ce flux peut concerner des fournisseurs, des salariés, des organismes sociaux, des organismes fiscaux, des associés, des établissements bancaires, etc.

En comptabilité, la plupart des charges sont décaissables. Tel est le cas, notamment :

  • Des achats de matières premières, fournitures consommables et marchandises (comptes 60) ;
  • Des services extérieures (comptes 61 et 62 : honoraires, frais de télécommunication, documentation, frais postaux, primes d’assurance, etc.) ;
  • Des impôts et taxes (comptes 63 : taxes sur les véhicules de tourisme, impôt sur les bénéfices, taxe d’apprentissage, formation professionnelle, etc.) ;
  • Des salaires et charges sociales (comptes 64) ;
  • Des autres charges de gestion (comptes 65) ;
  • Des charges financières (comptes 66) ;
  • De certaines charges exceptionnelles (comptes 67).

Qu’est-ce qu’une charge non décaissable ?

A l’inverse, une charge non décaissable est, par définition, une charge calculée (généralement en l’application de principes comptables) et qui ne donne lieu à aucune sortie d’argent, c’est-à-dire à aucun décaissement. Elle n’aura donc aucun impact sur la trésorerie mais entraînera tout de même une diminution du résultat net comptable.

En comptabilité, ces charges ne sont pas prépondérantes. Il s’agit essentiellement :

  • Des dotations aux amortissements sur immobilisations corporelles et incorporelles (comptes 6811, 6861 et 6871) ;
  • Des dotations aux amortissements dérogatoires (compte 68725) ;
  • Des dotations aux dépréciations des immobilisations, des stocks ou des créances (comptes 6816, 6817, 6866 et 6876) ;
  • Des dotations aux provisions pour risques et charges (comptes 6815, 6865 et 6875) ;
  • Des dotations aux provisions réglementées (compte 6873) ;
  • Des valeurs nettes comptables d’éléments d’actif cédés (compte 675).

Les dotations aux amortissements représentent la perte de valeur d’un investissement en raison de son utilisation, de l’obsolescence ou tout simplement du temps qui passe. Les dotations aux dépréciation ont pour objectif de quantifier, dans la mesure du possible, la perte de valeur d’un actif encore détenu par l’entreprise. Enfin, les dotations aux provisions prévoient la couverture d’une charge potentielle consécutive à un risque identifié.

Charges décaissables vs charges calculées : pourquoi les différencier ?

Lors de l’établissement d’un budget de trésorerie

Différencier les charges décaissables des charges calculées est essentiel, et ce avant même le commencement de l’activité, lors de l’élaboration du prévisionnel financier (c’est-à-dire la partie financière du business plan). En effet, lorsque le porteur de projet a établi son compte de résultat prévisionnel et qu’il se lance dans la construction de son budget de trésorerie, il doit savoir les distinguer.

Par la suite, cette capacité doit toujours être maîtrisée. En effet, tout au long de la vie de l’entreprise, des prévisions peuvent être établies et il est primordial de savoir identifier les charges qui donneront lieu à un décaissement des autres charges. Les charges non décaissables justifient, en partie, la différence entre le résultat et la trésorerie d’une entreprise.

Lors du calcul d’indicateurs financiers

La distinction charges décaissables / charges calculées est importante lorsque l’on calcule des ratios financiers ou des indicateurs comme, par exemple, la capacité d’autofinancement, un cash flow… Dans ces indicateurs, les charges non décaissables sont retraitées, c’est-à-dire qu’elles sont réintégrées lorsqu’elles sont déjà prises en compte dans la donnée de départ du calcul.

Plus globalement, dès qu’un flux de trésorerie est calculé, seules les charges décaissables doivent être prises en compte (la CAF est, par exemple, calculée en faisant la différence entre les produits encaissables et les charges décaissables).

Conclusion : les charges décaissables sont des charges qui donnent lieu à un flux effectif (sortie de trésorerie) tandis que les charges non décaissables sont celles qui n’occasionnent aucun flux.

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Ecrit par
Thibaut Clermont

Thibaut CLERMONT, mémorialiste en expertise-comptable et fondateur de Compta-Facile, site d'information sur la comptabilité.

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1 commentaire

  • Ilias

    Bonsoir, tout d'abord je vous remercie pour cet article qui est très intéressant.
    J'ai une question à propos du calcul de la CAF. Vous avez mentionné que le calcul de la CAF porte sur les produits encaissables et les charges décaissables. Ma question est pourquoi on prend pas en considération les produits de cession des immobilisations malgré qu'ils sont des produits encaissables ? Autrement dit pourquoi on retranche les produit de cession des immobilisations du résultat net alors que ceux-ci sont encaissables ?
    Merci d'avance

    Thibaut Clermont

    Bonjour,
    Merci pour vos encouragements. Les produits de cessions d'éléments d'actifs ne sont, en général, pas pris en compte dans le calcul de la CAF puisqu'ils correspondent à des produits exceptionnels. Ce sont, en effet, des ressources qui ne sont pas générées par l'entreprise dans le cadre de l'exploitation de ses activités.
    Bon dimanche. Cordialement, Thibaut CLERMONT.

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