Comptabilité du consultant : obligations et spécificités comptables

Publié le 9 min
Ecrit par Thibaut Clermont

Les consultants doivent tenir une comptabilité sincère et régulière. Il existe différentes obligations comptables et fiscales selon la forme juridique adoptée par le consultant et son régime d’imposition. Compta-Facile a choisi de faire un point complet sur la comptabilité des consultants.

obligations comptables consultant

Obligations comptables et fiscales des consultants

Les consultants sont des prestataires de services qui ne sont pas réunis au sein d’un ordre professionnel ; ils demeurent donc assujettis aux mêmes obligations comptables et fiscales que les autres entreprises. Leurs étendues vont dépendre de la forme juridique choisie ainsi que de leur régime fiscal.

Le consultant exerce son activité à titre individuel

Le micro-BNC ou l’auto-entreprise

Les consultants ayant encaissé moins de 72 600 euros peuvent opter pour un régime extrêmement simplifié : le micro-BNC ou l’auto-entreprise. Le recours à l’un de ces deux régimes permet d’alléger fortement leurs obligations comptables et fiscales.

Comptabilité Dispense de tenue de comptabilité. Tenue d’un livre des recettes.
Comptes annuels Dispense d’établissement de comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexe).
Taxe sur la valeur ajoutée Franchise de TVA sous réserve de respecter certains seuils (facturation en « hors taxes » avec insertion d’une mention spéciale sur les factures de ventes)
Soumission à la TVA en cas de dépassement du seuil de la franchise en base de TVA.
Déclaration de résultats Déclaration du chiffre d’affaires aux Impôts et aux organismes sociaux. Pas de liasse fiscale à souscrire.

Pour approfondir ces notions : la comptabilité de l’auto-entreprise, la comptabilité des micro-entreprises.

Le régime de la déclaration contrôlée

Les consultants dont les recettes sont supérieures à 72 600 euros hors taxes relèvent du régime de la déclaration contrôlée. Leurs obligations comptables et fiscales sont plus importantes que celles prévues pour le micro-BNCou l’auto-entreprise.

Comptabilité Tenue d’une comptabilité de trésorerie, d’un livre-journal qui recense le détail des recettes et des dépenses et d’un registre des immobilisations et des amortissements.
Comptes annuels Présentation d’un bilan et d’un compte de résultat. Dispense de présentation d’annexe.
Taxe sur la valeur ajoutée Option possible pour la franchise en base de TVA (sous conditions)
A défaut, Assujettissement à la TVA. Soumission au régime simplifié d’imposition lorsque les recettes sont inférieures à 247 000 euros (paiement de deux acomptes en juillet et décembre puis régularisation annuelle) ou au régime normal lorsque les recettes sont supérieures à 247 000 euros (paiement mensuel ou trimestriel si le montant de TVA du à l’année n’excède pas 4 000 euros).
Déclaration de résultats Établissement d’une déclaration de résultats (n° 2035).

Lorsque le consultant exerce son activité au sein d’une EIRL, il doit présenter des comptes annuels au même titre que les sociétés commerciales (selon les règles de la comptabilité d’engagement) et produire une liasse fiscale selon les règles applicables en matière de comptabilité de trésorerie.

Pour approfondir : les particularités comptables et fiscales de l’entreprise individuelle , la comptabilité de l’EIRL.

Le consultant exerce son activité en société

Les obligations comptables et fiscales d’un consultant exerçant en société sont plus importantes que celles prévues dans le cas de l’entreprise individuelle :

  • Le régime du micro n’existe pas pour un consultant qui exerce son activité en société (excepté pour l’EIRL soumise à l’impôt sur le revenu) ;
  • Le régime réel simplifié d’imposition et le régime réel normal peuvent s’appliquer.

En matière de comptes annuels, les obligations du consultant sont plus importantes en société puisqu’il doit établir un bilan, un compte de résultat et une annexe, sous réserve des mesures de simplifications suivantes :

  • Les micro-sociétés (qui ne dépassent pas deux des trois seuils suivants : 700 000 euros de chiffre d’affaires, 350 000 euros de total bilan et 10 salariés) sont dispensées d’annexe comptable et peuvent établir un bilan ainsi qu’un compte de résultat sous la forme simplifiée ;
  • Les petites sociétés (ne dépassant pas deux des trois seuils suivants : 12 000 000 euros de chiffre d’affaires, 6 000 000 euros de total bilan et 50 salariés) peuvent présenter des comptes annuels (bilan, compte de résultat et annexe) sous la forme simplifiée ;
  • Les moyennes sociétés (ne dépassant pas deux des trois seuils suivants : 40 000 000 euros de chiffre d’affaires, 20 000 000 euros de total bilan et 250 salariés) peuvent présenter un compte de résultat sous la forme simplifiée.

Pour aller plus loin :

Le régime simplifié d’imposition (RSI)

Il s’applique aux consultants dont le chiffre d’affaires est inférieur à 247 000 euros hors taxes.

Comptabilité Tenue d’une comptabilité complète d’engagement avec option possible pour la comptabilité super-simplifiée, établissement de factures, réalisation d’un inventaire. Tenue de trois registres comptables : le grand livre, le livre journal et le livre d’inventaire (le livre d’inventaire n’étant plus obligatoire pour les exercices ouverts à compter du 1er janvier 2016).
Comptes annuels Présentation d’un bilan et d’un compte de résultat et d’une annexe. Simplifications possibles sous certaines conditions.
Taxe sur la valeur ajoutée Option pour la franchise en base ou assujettissement à la TVA (dans ce cas, règlement de deux acomptes semestriels et régularisation annuelle).
Déclaration de résultats Établissement d’une déclaration de résultats (formulaire n° 2031 pour l’IR ou 2065 pour l’IS) et des tableaux n° 2033 A à 2033 G.

Le régime réel normal (RN)

Ce régime s’applique de plein droit aux consultants réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 247 000 euros HT (et sur option aux consultants relevant théoriquement du régime du micro ou du RSI). Il est assorti de nombreuses obligations :

Comptabilité Tenue d’une comptabilité d’engagement complète (journaux auxiliaires centralisés au sein d’un journal centralisateur), établissement de factures, réalisation d’un inventaire. Tenue de trois registres comptables : le grand livre, le livre journal et le livre d’inventaire (supprimé à compter du 01/01/2016).
Comptes annuels Présentation d’un bilan et d’un compte de résultat et d’une annexe. Simplifications autorisées dans les mêmes conditions que pour le RSI..
Taxe sur la valeur ajoutée Franchise en base de TVA ou assujettissement à la TVA. Établissement et paiement des déclarations de TVA tous les mois ou tous les trimestres (lorsque le montant de la TVA due au titre d’une année est inférieur à 4 000 euros).
Déclaration de résultats Établissement d’une déclaration de résultats (formulaire n° 2031 pour l’IR ou 2065 pour l’IS) et des tableaux n° 2050 A à 2059 G.

Le consultant qui exerce son activité sous la forme sociétaire se trouve dans l’obligation de déposer ses comptes annuels au RCS. Il pourra en obtenir la non-publication s’il répond aux conditions fixées par la loi.

Recours à un expert-comptable pour un consultant

Le consultant peut tenir lui-même sa comptabilité (il devra alors choisir un logiciel de comptabilité) ou choisir de la confier à un professionnel inscrit au tableau de l’ordre des Experts-comptables. Chaque solution présente des avantages et des inconvénients que nous avons recensés dans un article (et que nous vous invitons à consulter en cas de besoin) : faire soi-même sa comptabilité ou la confier à un Expert-comptable.

L’accompagnement par un expert-comptable demeure, en pratique, la solution la plus utilisée par les consultants pour de nombreuses raisons : l’expert-comptable est soumis à un devoir de conseil et d’information, à un devoir de secret professionnel et il relève d’une profession réglementée fortement encadrée. D’autant plus que celui-ci peut l’aider à mettre son activité sur les bons rails dès son lancement. Si l’activité de conseil fait parmi des métiers assez simples à gérer, certains écueils doivent être éviter pour bien vous lancer : quels seuils, ratios et coûts anticiper ? Conseils pour gérer votre lancement.

Voici quelques sources d’informations complémentaires :

[the_ad_placement id= »corps-article-expert-comptable »]

Avantages fiscaux octroyés à certains consultants

Les consultants exerçant leur activité dans une entreprise soumise à l’impôt sur le revenu peuvent adhérer à une association de gestion agréée (AGA). Cette adhésion, payante (comptez quelques centaines d’euros selon l’AGA), procure certains avantages :

  • Non majoration des revenus de 25% (en cas de réalisation d’un bénéfice, le chef d’entreprise ou le gérant d’une société soumise à l’impôt sur le revenu verra ses bénéfices d’exploitation majorés de 25% avant d’être soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu) ;
  • Réduction du délai de reprise de l’administration fiscale (passant de 3 années à 2 années) ;
  • Déduction de l’intégralité du salaire versé au conjoint du chef d’entreprise (plafonnement à 17 500 euros dans le cas contraire).

D’autre part, lorsque les recettes du consultant sont inférieures à un certain seuil, il peut bénéficier d’une réduction d’impôt pour frais de comptabilité.

La loi de finance 2015 a supprimé la réduction du délai de reprise de l’administration fiscale pour les adhérents d’une AGA. Le dispositif de limitation de la déduction de l’intégralité du salaire du conjoint a disparu pour les exercices clos à compter de 2018 (loi de finances pour 2019). 

Conclusion : Un consultant exercice une activité non réglementée. Il est soumis, à ce titre, aux mêmes obligations que les autres entreprises. Selon la forme juridique adoptée, il pourra bénéficier de mesures de simplifications comptables et fiscales.

~ Nos autres fiches techniques sur les professions libérales ~

~ Nos autres fiches techniques sur les commerçants & artisans ~

Donnez-lui une note !

Merci pour votre vote.

Ecrit par
Thibaut Clermont

Thibaut CLERMONT, mémorialiste en expertise-comptable et fondateur de Compta-Facile, site d'information sur la comptabilité.

A lire aussi...

Partie redactionnelle business plan
La partie rédactionnelle du business plan

La partie rédactionnelle d’un business plan doit contenir des informations précises sur le projet de création ou de reprise d'entreprise. Compta-Facile vous propose d'aborder dans cet article ses étapes de construction de votre business plan.

Le statut juridique dans le business plan
La présentation des éléments juridiques dans le business plan

Dans la partie rédactionnelle d'un business plan, le porteur de projet doit consacrer un volet aux aspects juridiques. Il s'agit essentiellement de décrire la structure juridique choisie pour l'entreprise et de présenter les principaux contrats applicables (pactes d'associés par exemples). Compta-Facile vous indique ici les informations à communiquer dans le chapitre "aspects juridiques" du business plan.

holding-ampoule-lien-v2-768x412
La holding, définition, constitution, avantages et limites

Compta-Facile vous présente les spécificités de la holding et analyse 3 cas pratiques pour mieux comprendre ce montage très intéressant sur le plan fiscal, mais pas que !

trouver un expert comptable
Comment trouver un expert-comptable ?

Trouver un expert-comptable relève parfois du parcours du combattant. Conscients de cette difficulté, nous vous proposons une mise en relation gratuite entre les entrepreneurs, créateurs d'entreprise, repreneurs d'entreprise et nos experts-comptables partenaires. L’équipe de Compta-Facile vous invite à découvrir comment trouver simplement et un expert-comptable.

Abonnez-vous à la newsletter !

abandons-creances-1024x767

Aucun commentaire.

Répondre

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *